Le Dossier #4 : Blogueur voyageur, et si on perdait la tête ?


Un comble vous me direz. Alors que j’écris ces quelques lignes – sur mon blog voyage – je rentre justement d’Inde du Nord, entre le Rajasthan et l’Uttar Pradesh. Et je viens poster un article critique sur le blogging voyage…sur mon blog de voyage. Cette réflexion a fleuri pendant les nombreuses heures de transport, en train, en avion, en bus que nous avons passées en Inde. Des doutes, des interrogations, des interpellations sur ce que je suis en train d’essayer de faire, de lancer : un blog sur mes voyages.

Revenir à la genèse : je voyage donc je suis.

Découvrir autre chose, un nouveau quotidien, une nouvelle culture, de nouveaux paysages. Soit. Le voyage, c’est l’enrichissement de soi par les autres. Se remettre en cause, redéfinir sa propre culture, apprendre à la diffuser dans les rencontres que l’on fait. C’est enrichir les autres par votre expérience, vos échanges… On partage tous ces raisons.

Voyager, c’est également pour moi l’un des remèdes à l’hyper-connexion. Celle que notre génération, mais plus seulement, alimente avec les réseaux sociaux. Cette envie de partager le contenu le plus drôle, le plus percutant, le plus esthétique, sur Snapchat, Instagram, Facebook, Twitter, Pinterest…Rien que ça. Le contenu qui fera pâlir d’envie et de jalousie vos proches ou vos collègues autour de la machine à café.

L’hyper-connexion qu’on a aussi avec son entourage. Les contraintes de parler du beaux temps, de  » se tenir au courant », cette nécessité de « donner des nouvelles » à ses proches qui ne le sont pas toujours. L’apogée de l’instantané aurait-elle signé la fin de la solitude ? Celle qui n’a rien de négative. Celle qu’on choisit et qu’on a du mal désormais à assumer.

Voyager, c’est parfois une simple opportunité de se retrouver avec soi ou avec l’autre, un proche ou un inconnu. Sans rompre avec cette hyper-connexion, elle permet davantage de la contrôler à son bon vouloir et de prévenir les autres. Je voyage, donc je suis moins accessible.

Partir loin pour être plus indépendant. Partir loin pour redevenir maître de ses relations.

Blog voyage : le paroxysme de l’hyper-connexion ?

Avec ma petite audience, autant dire confidentielle, je me retrouve alors devant un spot, un monument, un point de vue, une rencontre à alterner entre mon Reflex, ma story Instagram, ma story Snapchat, mes photos pour mon fil Instagram, ma prise de notes, mon guide du Lonely…Bref, maladroitement et sans allure, me voila encombré d’appareils, profitant du moment présent à travers l’un de ces écrans.

Dans ma réflexion même, le déclic est différent.

Je réfléchis déjà, me questionne sur la valeur ajoutée du moment présent pour mon blog. Dois-je mentionner cette adresse ? Quels conseils dois-je rajouter pour la rendre plus personnalisée ? Est-ce vraiment bancable pour mon blog ? Auront-ils la même expérience que moi ?

Bref, ça fuse et pendant ce temps-là, le coucher de soleil se termine et je n’ai pas pu souffler, quelques minutes, en silence, et profiter pleinement du spectacle.

Évidemment, j’exagère. Mais cet instant, nous l’avons tous, juste une fois, vécu.

200 millions de blogs : et moi ?

Commence alors un travail d’auto-critique et de réflexion sur ce que je suis en train de faire. Ma décision est prise. Je n’arrêterai pas ce que je fais.

Egoïstement, j’apprécie mettre au clair mes expériences, mes voyages, comme un carnet de bord. J’écris aussi pour moi. C’est d’ailleurs certainement pour cela que je ne fais pas partie de ces influenceurs que j’envie et que je jalouse autant que je critique.

Mais, d’un autre côté, je me sens comme rempli d’une mission divine. Celle d’être, à mon échelle, ambassadeur de destinations, de pays, de cultures qu’on ne connaît pas ou peu, voire qu’on critique. Très souvent, dans les voyages que je fais, les rencontres sur place souhaitent me montrer ce qu’il y a de mieux chez eux. Un plat, un endroit, une famille. Ils veulent que je garde le meilleur souvenir possible d’une ville ou d’un pays pour que, à mon retour, je partage à mon entourage cette expérience et, pourquoi pas, que je donne cette envie de venir.

Et si je peux, à ma petite échelle, encourager au-delà de mon entourage, des internautes à aller découvrir des destinations uniques, des cultures déroutantes et des habitants attachants, c’est l’objet même de mon investissement.

Défi relevé !

Retrouvez mes autres dossiers, juste ici :

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5 Commentaires

  • La sélection du mardi #72 – le meilleur des blogs de voyage - Le Blog Expedia 28 mars 2017 à 10 h 44 min

    […] Découvrir la suite sur Blogueur voyageur, et si on perdait la tête ? […]

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  • Gatoi 29 mars 2017 à 2 h 56 min

    Je suis bien d’accord avec ton article. Et surtout, je me retrouve dans tes mots concernant les « influenceurs ». Je ne suis pas prête à troquer ma plume pour des centaines de « like » en plus. Garder sa passion de l’écriture et transmettre au lieu d’inventer des sujets pour faire de l’audience, qui sont parfois si peu intéressants, mais pas toujours heureusement ! Je vais essayer de suivre un peu tes récits depuis l’Australie ;).

    Bonne journée.

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    • bricems 29 mars 2017 à 10 h 49 min

      Bonjour Gatoi,
      Merci pour ton message, je suis content de ne pas être le seul à penser cela ! Je commençais à m’inquiéter !
      Il y a un juste milieu à trouver, ou en tout cas, à assumer entre voyageur et blogueur. Des choix à faire je pense.
      A très vite en tout cas ! Au plaisir.
      Brice.

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  • Delphine / 7h09 2 avril 2017 à 11 h 16 min

    Sympa cet article ! Un sujet très intéressant et des questions que je me pose souvent…

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  • Portrait de blogueur - Brice de Travels Gallery - Le Blog Expedia 6 juillet 2017 à 12 h 55 min

    […] plaisir à écrire et il a très bien fonctionné. Dans un autre registre, mon petit dossier sur le lien entre voyageur et blogueur. J’avais un peu d’appréhension à écrire sur le sujet, mais il semble que je ne sois pas le […]

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